Vénus Khoury-Ghata née
au Liban, vivant en France depuis vingt-cinq ans, est partagée
entre deux pays, deux langues : l'arabe maternel et le français
acquis.
Le français est la langue du père,
interprète auprès du Haut Commissariat français
du temps du Mandat. Cette langue, il l'a ouverte à ses
quatre enfants. Les deux aînés s'en sont servis
pour écrire des poèmes : Vénus et, avant
elle, son frère Victor, qui, malade, n'a pas publié.
Elle est mère de quatre enfants
: trois Libanais et une Française. Poète, nouvelliste
et romancière, ardente porte-parole de la francophonie,
collaborant à divers journaux, revues et émissions
littéraires, elle est membre de plusieurs jurys : Mallarmé,
Max Jacob, France-Québec, Max-Pol Fouchet, Cinq Continents…
Son œuvre romanesque, riche de seize
titres, est traduite en plusieurs langues, dont l'allemand,
l'espagnol, le grec, le flamand, le suédois et le coréen.
Son œuvre poétique compte seize titres également.

Vénus Khoury-Ghata
Bibliographie
Romans
• Les Fugues d’Olympia. Éd. Ramsay,
1989.
• La Maîtresse du notable. Éd. Seghers 1992.
• Bayarmine. Éd. Flammarion 1992.
• Les Fiancées du Cap Thénès. Éd.
originale J.C. Lattès 1995/ Livre de poche 2002.
• Les Morts n’avaient pas d’ombre. Éd. 1992 / Flammarion
2001.
• Le Fils empaillé. Éd. Belfond 1998.
• Une maison au bord des larmes.
Éd. Balland, 1998.
• La Maestra. Éd. originale Actes Sud, 1999 / Babel,
2001.
• Mortemaison. Éd. originale Flammarion, 1992 / 2001.
• Vacarme pour une lune morte. Éd. originale Flammarion,
1992 / 2001.
• Privilège des morts. Éd. Balland, 2001.
• Le Moine, l’Ottoman et la Femme du grand argentier. Éd.
Actes Sud, 2003 / Babel 2004.
• La Maison des orties,Ed. Actes Sud,
2006
Nouvelles
• Zarifé la folle et autres nouvelles. Éd. François
Janaud, 2001.
Poésie
• Un faux pas au soleil. Éd. Belfond 1998.
• Monologue du mort. Éd. Belfond 1998.
• Fables pour un peuple d’argile. Éd. Belfond 1998.
• Elle dit / Les Sept Brins de chèvrefeuille de la sagesse.
Éd. originale Balland, 1999 / 2001.
• Anthologie personnelle. Éd. Actes Sud, 1999.
• Compassion des pierres. Éd. La Différence, 2001.
• La Voix des arbres. Éd. Le Cherche - Midi, 2002.
• Quelle est la nuit parmi les nuits. Éd. Mercure de
France, 2004.
Alain GORIUS
a longtemps vécu à Casablanca ; il travaille aujourd'hui à Paris.
Responsable des Editions Al Manar, il s'est ouvert un chemin
au carrefour de l'enseignement, du journalisme et de l'action
culturelle.
Il a publié deux
recueils (éd. Polder/Décharge) : Au creux du monde et
Sang noir ; chez Al Manar, Ombre portée
(dessins et gravure de Mohammed Kacimi), L'Ombre la brûlure,
un ensemble de six nouvelles accompagnées par six peintres
(arabes et français) et plusieurs livres d'artiste (avec
Christiane Vielle, Yamou, Mohen, Anne Slacik ; ses chroniques
ont paru, pour l'essentiel, dans deux revues culturelles très
présentes dans le Maroc de la première moitié des années 90
: Vision et Rivages.

Lodève, Festival de poésie
méditerranéenne, juillet 2006 : Vénus Khoury-Ghata
et Alain Gorius,
présentés par G. Meudal (Le Monde) lisent
Stèle pour l'absent
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Le peintre :
Le travail de Diane de Bournazel, 48 ans, pourrait évoquer celui
de Paul Klee. Mais c'est un univers bien personnel qu'elle crée
sur toiles ou sur ardoises rustiques, et parfois sur du bois de récupération.
Indifférente au règne de l'ephémère, elle
fait, même sur grands formats, un travail minutieux de miniaturiste
: « J'aime peindre au pinceau à trois poils et à
l'huile ; pas d'acrylique, ça manque de sensualité. »
« A 7 ans, dit-elle, je savais déjà que je serais
peintre. » Formation autodidacte, cours en dilettante dans des
écoles d'art en France et en Italie, et beaucoup de travail personnel
: « Je peins huit heures par jour. » Diane de Bournazel
a une passion pour les livres d'artistes : elle découpe, enlumine,
assemble avec une patience d'artisan des mots de Robert Desnos, Henri
Michaux, Jorge Luis Borges dans de petits ouvrages précieux,
qu'elle expose à Paris, Marseille, Londres et ailleurs.
Georges Châtain et
Hélène Pommier

2005. Diane de Bournazel dans son atelier
de Marliac, France
La critique :
La Préface
de Salah Stétié :
Deux voix parlent, chacune prise dans son rêve, et se répondent.
Se répondent d'assez loin comme il arrive quand on suscite avec
des mots, nécessairement chuchotés, l'étincellement
poussiéreux de la mort. Les stèles chevalières
de Lodève, ville de poésie, et autres pierres tombales
venues jusqu'à nous de l'Orient des croisades, sont l'occasion
de ce déploiement murmuré sur deux tons : la plus grave
des voix est celle d'un homme, Alain Gorius, qui raconte sur un mode
fragmentaire et non sans un certain égarement une histoire d'amour
trahi dans la douleur du retour après l'aventure de la Croix
; la plus acérée et la plus elliptique, la plus italique
en quelque sorte, est celle d'une femme, Vénus Khoury-Ghata,
qui répète inlassablement, à travers toutes les
occurences disponibles - qu'elles sont nombreuses ! - son obsession
jamais rassasiée de la disparition totale : "Le tout / le
rien", dit-elle. La stèle ravive l'absent qu'elle abolit,
l'absence ronge la stèle qu'elle amplifie. L'auditeur de ces
deux voix, entre recitato et lamento, s'installe dans un va-et-vient
de léger vertige, où les pierres transmuées en
lambeaux de parole sont ses repères évasifs à des
carrefours qui sont nids pour le vent. Pourquoi le vent ? Parce que
dans cette sorte de solfège de la mélancolie, c'est lui
la clef de sol.
Salah Stétié
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